Info-Kurdistan

Le massacre de Suruç et l’offensive turque contre les Kurdes

Auteur anonyme

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Notre tristesse sera notre colère, Kobanê sera reconstruite.

 

Cet article a débuté le 21 juillet par la publication de la déclaration de Devrimci Anarşist Faaliyet (DAF – Action Révolutionnaire Anarchiste) sur l’attentat à la bombe contre le Centre culturel Amara de Suruç (Pîrsus).

Puis nous avons publié un communiqué du Congrès national du Kurdistan (KNK), ainsi que d’autres informations dont un article qui pointait la complicité de l’État turc et demandait pourquoi et comment ce massacre a pu être réalisé. Un article qui pose également la question de la nécessaire autodéfense du mouvement de libération kurde dans tous ses modes d’expression et de lutte.

Et puis, très vite, le cours de l’histoire présente s’est emballé et nous essayons de suivre, de savoir, de comprendre, de faire savoir…

Ce massacre a entrainé des mobilisations populaires massives dans toute la Turquie et des réactions répressives et bellicistes de l’appareil d’État turc. Les attaques de l’État turc contre le PKK en territoire du Kurdistan irakien sont en train de rouvrir un ancien front de guerre “interne” à la Turquie, mais dans un contexte totalement différent qu’au moment du cessez-le-feu (2012). Ce faisant, les rafles et la répression des manifestations en territoire turc, et les bombardements de grande ampleur sur les bases du PKK ouvrent un nouveau front dans la guerre régionale, menacent l’expérience de libération politique et sociale du Rojava et vont de toute évidence modifier substantiellement la situation politico-militaire déjà complexe de tout le Moyen-Orient.

Quatre jours après le massacre de Suruç, l’État turc a décidé de lancer une vaste offensive, non pas contre Daesh, mais contre les forces kurdes. Depuis le 24 juillet, les bombardements sont incessants sur les bases de la guérilla installées au nord du Kurdistan d’Irak. En Turquie, les rafles se multiplient. Les manifestations sont violemment chargées. Les sites d’information plus ou moins liés au mouvement de libération kurde et aux groupes et collectifs de la gauche kurde solidaires sont bloqués et rendus inaccessibles.

Dans la nuit du 26 au 27 juillet, 2 villages sous contrôles des forces kurdes en Syrie (Rojava) ont été visés par des bombardements d’artillerie. L’escalade se poursuit.

Dernière mise à jour : le 26 juillet 2015 – 21 h
(voir à la fin du document)

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Notre tristesse sera notre colère, Kobanê sera reconstruite

20 juillet 2015

Hier, près de trois cents personnes étaient parties de différentes villes [de Turquie], à l’appel de la Fédération des associations de jeunes socialistes afin de reconstruire Kobanê que l’ISIS a essayé de réduire en cendres. Aujourd’hui, en arrivant à Suruç (Pîrsus), juste avant de partir pour Kobanê, ces jeunes réalisaient une conférence de presse en face du Centre culturel Amara de la ville de Suruç (Pîrsus). A la fin de la lecture du communiqué de presse, une bombe a explosé au milieu de la foule, faisant taire de nombreux cœurs qui avaient battu avec l’espoir de la reconstruction.

Selon les informations disponibles pour l’instant, 31 personnes sont mortes et des centaines ont été blessées dans l’explosion.

Après cette explosion aujourd’hui, nous entendons, depuis les hôpitaux de Suruç (Pîrsus), les noms de ceux qui sont tombés. Ceux qui sont venus de nombreuses villes différentes, ceux qui avaient de grands espoirs dans leurs cœurs, sont maintenant ceux qui sont tombés, comme les cibles des assassins. Les gens qui sortent dans les rues afin de demander des comptes pour ceux qui sont tombés, ceux qui attendant devant les hôpitaux, sont menacés par les TOMA [véhicule avec canon à eau] et la police qui sont arrivés du Centre culturel Amara avant les ambulances. A Mersin, à Sert, à Istanbul … Les gens qui descendent dans les rues sont pourchassés pour être massacrés par l’État meurtrier, par les collaborateurs des assassins.

Ceux qui ont massacré de nombreuses vies, depuis le premier jour de la Résistance de Kobanê, essaient maintenant de nous décourager en assassinant nos frères et sœurs.

Nous essayons de reconstruire une nouvelle vie contre l’ISIS, contre l’Etat qui collabore avec l’ISIS, contre la politique de guerre sans fin de l’Etat. Quoi qu’il en coûte, nous allons convertir notre douleur en rage, nous allons reconstruire Kobanê et recréer une vie sur cette géographie dévastée !

(Aujourd’hui, Alper Sapan de l’Initiative Anarchiste Eskişehir a été assassiné au cours de l’attaque. Et un ami appelé Evrim Deniz Erol a été grièvement blessé.)

Biji Berxwedana Kobanê ! / Vive la Résistance de Kobanê !
Biji Şoreşa Rojava ! / Vive la Révolution du Rovaja !

Action Révolutionnaire Anarchiste
Devrimci Anarşist Faaliyet (DAF)

Le 20 juillet 2015

(traduction OCLibertaire)

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Communiqué du Congrès national du Kurdistan (KNK) sur le massacre de Suruç

Nouveau massacre commis par Daesh, dans la ville de Suruç

Les terroristes de Daesh ont attaqué des jeunes qui se préparaient à partir à Kobanê : 31 personnes ont été tuées et au moins 100 autres ont été blessées.

Le 20 juillet, vers 11h00, une grande explosion due à un attentat-suicide est survenue à la périphérie de la ville de Suruç, dans la province d’Urfa (Nord-Kurdistan, Turquie), à la frontière de Kobanê. Elle s’est produite plus précisément dans le Centre culturel d’Amara dont la cour a été transformée en un bain de sang.

Les victimes font partie d’un groupe de 330 jeunes âgés de 20 à 30 ans, tous membres de la Fédération des Jeunes Socialistes, venus à Suruç pour soutenir la reconstruction de Kobanê. Ils étaient venus en convoi d’Istanbul, d’Ankara, d’Izmir, d’Adana et du nord de la Turquie, avec le projet de construire à Kobanê une librairie, un parc pour enfants et un centre de santé.

Les jeunes activistes s’étaient regroupés dans le Centre culturel d’Amara pour y donner une conférence de presse afin d’annoncer qu’ils avaient officiellement été autorisés à passer la frontière. C’est à ce moment-là que l’attentat-suicide a été perpétré.

Les premiers chiffres faisaient état de la mort de 31 personnes et indiquaient qu’au moins 100 autres avaient été blessées. Cet attentat survient le lendemain de l’anniversaire de la Révolution du Rojava qui a commencé le 19 juillet 2012 avec la mise en place par les Kurdes de l’autonomie démocratique dans les cantons de Kobanê, Afrîn et Djizirê.

Cet attentat terroriste, cette tragédie, est directement lié à la crise politique que traverse actuellement la Turquie. Il ne fait aucun doute que cet attentat a été encouragé par le soutien ouvertement apporté à Daesh par différents Etats de la région.

La résistance kurde contre la barbarie de Daesh est une lutte pour la démocratie, les droits humains et l’humanité. Soutenir les résistants du Rojava et condamner Daesh et ses soutiens est un devoir politique pour la communauté internationale.

Cet attentat ne vise pas seulement le Rojava, mais aussi la solidarité avec le Rojava.

Nous demandons au gouvernement turc de faire immédiatement toute la lumière sur cet attentat.

Nous condamnons fortement cette attaque terroriste brutale et appelons la communauté internationale, l’Union européenne et le Conseil de l’Europe à prendre immédiatement des sanctions à l’encontre des Etats qui soutiennent Daesh afin qu’ils arrêtent leur soutien à cette barbarie

Congrès national du Kurdistan – KNK