Le Transnational Institute of Social Ecology (TRISE) organise ses nouvelles rencontres annuelles à Athènes à l’automne 2024. Elles se tiendront du 25 au 27 octobre, avec pour titre « La politique de l’écologie sociale, de la théorie à la pratique ».
Texte de présentation
Les crises contemporaines rendent plus urgente que jamais la lutte contre la modernité capitaliste et les formes de domination qui lui sont associées. La domination mondiale du capitalisme n’a cessé d’intensifier l’exploitation du travail, les inégalités sociales et la dégradation de l’environnement, poussant les sociétés humaines et l’écosystème à leurs limites.
L’extinction des espèces et les ravages du changement climatique, causés par un système socio-économique basé sur la croissance économique et le profit, modifient, à un rythme sans précédent, les conditions dans lesquelles la vie se développe et évolue. La pandémie de Covid-19 n’est que la dernière manifestation des conséquences dévastatrices d’un modèle de société qui considère la nature comme un ennemi à conquérir et un objet à exploiter.
Entre-temps, des conflits militaires ont à nouveau embrasé de nombreuses régions et menacent de déboucher sur une nouvelle guerre mondiale. Cela nous rappelle qu’une humanité dominée par les États-nations et la recherche du profit ne pourra jamais parvenir à une paix durable. Cet environnement de militarisation et d’insécurité a de plus donné un nouvel élan aux tendances fascistes du monde entier, elles qui tentaient déjà d’exploiter l’indignation populaire déclenchée par la crise économique de 2008.
Pourtant, partout dans le monde, des cultures de résistance émergent. La résonance croissante des luttes pour la libération des femmes, l’écologie radicale, la justice raciale et économique et la démocratie directe témoigne du désir émergent d’un avenir émancipateur. Les exemples vivants des zapatistes du Chiapas et des Kurdes du Rojava montrent à quoi peuvent ressembler des formes d’organisation non capitalistes grâce à des décennies de travail à la base.
Les citoyens prennent conscience que la construction d’un autre monde par l’émancipation collective est non seulement souhaitable et possible, mais aussi nécessaire. Une proportion croissante de personnes considère les valeurs de solidarité, d’entraide et d’harmonie avec la nature comme de véritables alternatives à l’ordre néolibéral. Une réconciliation entre la société et la nature est essentielle pour les temps à venir : un changement radical commence par la compréhension qu’une société écologique et démocratique n’est pas un rêve abstrait, mais une possibilité aussi bien réelle qu’à notre portée.
Dans ce contexte, les idées de l’écologie sociale et du communalisme fournissent un programme révolutionnaire proposant une voie vers une « société communautaire orientée vers les besoins humains, répondant aux impératifs écologiques, et développant une nouvelle éthique basée sur le partage et la coopération ». En ce moment historique, marqué par l’aggravation de la crise du capitalisme et par l’émergence d’espoirs et de demandes pour un avenir meilleur, ces idées ont beaucoup à offrir à ceux qui recherchent une vision utopique et une voie radicale.
Imprégnée de naturalisme dialectique, l’écologie sociale présente deux projets complémentaires importants qui vont au-delà de la théorie sociale abstraite. D’une part, elle remet en question le système capitaliste actuel et toutes les formes d’oppression, y compris le racisme, l’ethnocentrisme et le patriarcat. D’autre part, elle offre une vision reconstructive et révolutionnaire pour une société écologique post-rareté. L’écologie sociale s’attaque aux luttes sociétales actuelles qui apparaissent dans les contextes urbains et ruraux, tout en abordant des questions centrales sur notre relation avec la nature, la science et la technologie.
De plus, l’écologie sociale suggère comment construire une nouvelle société, en promouvant des stratégies politiques préfiguratives qui incluent des groupes d’affinité et des assemblées de citoyens, la formation de mouvements sociaux directement démocratiques, ainsi que des projets éducatifs. L’écologie sociale propose une éthique de la complémentarité qui jette les bases des luttes pour l’entraide, l’autodétermination, la décentralisation, la libération des genres, l’horizontalisme et l’égalitarisme.
Pour atteindre cette vision d’un futur désirable, des réponses collectives à de multiples défis doivent être explorées. De la périphérie aux centres du capitalisme, ces réponses prennent des formes diverses, illustrant la nature même du mouvement : décentralisé, autonome et évolutif. Pour créer des alternatives fructueuses et durables, il faut développer les connexions entre ces diverses initiatives. Leurs membres doivent se rencontrer, se former, dialoguer, partager des stratégies et construire des réseaux.
C’est dans ce but que l’Institut transnational d’écologie sociale (TRISE) organise sa prochaine rencontre internationale à Athènes en octobre 2024. La rencontre vise à répondre à la nécessité de construire le mouvement à travers une série d’activités comprenant des présentations et des ateliers. Elle réunira des citoyens, des activistes et des chercheurs à l’avant-garde de ces multiples luttes pour des futurs communs souhaitables.