Compte rendu de la semaine anarchiste sur le municipalisme libertaire
Genève, du 6 au 10 décembre 2011
Une réunion anarchiste s’est tenue sur cinq soirs (6 au 10 décembre) à la maison de quartier de la Jonction à Genève. Elle a été organisée par différents groupes anarchistes actifs sur Genève, dont les différents membres des équipes qui participent au Café libertaire, au Cinar, aux Jours de mai et aussi la librairie Fahrenheit451. L’affluence a été honorable, avec entre 20 et 50 personnes par soir environ. N’ayant pu être présent tous les jours, je vais faire un compte-rendu du jeudi et du samedi principalement.
Le jeudi 8, la soirée commençait par une présentation de Murray Bookchin. L’audience, clairsemée au départ, s’est rapidement remplie pour atteindre une quarantaine de personnes environ. La présentation a duré un peu plus d’une demi heure et peut-être téléchargée ici :
Le livre Une société à refaire a ensuite été présenté, avant de laisser la place aux questions. Parmi celles-ci, on a fait remarqué que bon nombre des textes de Bookchin, traduits et publiés au sein de l’ouvrage Pour une société écologique ne sont plus disponibles et qu’Une société à refaire est moins pertinent par certains aspects (notamment en raison du contexte dans lequel il a été écrit, avec les remarques à l’encontre des écologistes New-Age, deep ecology, etc. dont le propos entier est rejeté alors que des nuances pourraient être faites) que Post-Scarcity Anarchism, dont il faudrait publier la traduction en français.
Un autre point soulevé dans la discussion est le rôle important tenu par l’urbanisme dans le contexte politique. Deux cas de figure sont relevés : l’urbanisme utilisé pour empêcher les contestations et les rassemblements (avec l’exemple dans le film des places qui n’existent plus et qui permettaient aux gens de se rassembler), mais aussi son aspect positif : une infrastructure bénéfique est ce qui reste lorsque le mouvement périclite. Avec cette conclusion que l’urbanisation du territoire est importante, elle crée de facto le lien sociable et demeure un élément durable : quand c’est fait, on ne peut plus le changer. Pour le meilleur et pour le pire.
Ce point sur la résistance au temps a amené à se poser la question de la transmission des compétences et de la mémoire de cette expérience aux générations futures de Spezzano Albenese (et d’ailleurs). Que va-t-il se passer quand les « leaders » que l’on voit dans le film ne seront plus là ? L’intérêt va-t-il suivre ? Avec cette réflexion soulevée par un membre de l’assistance que le rôle des anarchistes est peut-être justement de maintenir la mémoire de ces exemples vécus pour éviter qu’ils ne tombent dans l’oubli.
La discussion a ensuite bifurqué hors du thème du film et a porté sur l’événement lui-même. Un débat a eu lieu au sujet du flyer diffusé, avec son « A » cerclé sur fond noir. Nous étions deux à exprimer que ce genre de visuel restreint les gens qui viennent à ces rencontres au seul « cercle anarchiste » (justement nommé) et qu’on évitait finalement de le distribuer à certaines connaissances potentiellement intéressées, sachant que la seule imagerie les ferait renoncer de venir. Les avis divergeaient, mais il est ressorti du débat qu’il fallait savoir ce qu’on voulait : soit organiser une réflexion large avec des gens de tous horizons, soit faire un débat au cœur du milieu anarchiste, auquel cas ce genre de flyers fonctionnent très bien.
L’idée de sortir de l’idée classique « débat + film » a aussi été exprimée. Avec la proposition de s’inspirer des actions du Scop le pavé (www.scoplepave.org) et ses conférences gesticulées.
Le besoin également de plus fédérer les associations sur Genève est survenu à plusieurs reprises dans la discussion. Avec toujours cette question : comment ?
Compte-rendu: Vincent