Conférence de Lisbonne sur le municipalisme libertaire (1998)

Du 26 au 28 août 1998 se tenait la conférence de Lisbonne sur l’écologie sociale et sa perspective politique : le municipalisme libertaire.  Une centaine de personnes d’Europe et des USA (principalement, avec aussi quelques Australiens) avaient fait le déplacement pour l’occasion.

Voici, traduit en français, le programme de la conférence avec les différents intervenants. Les liens du titre se font vers les textes en portugais ou anglais. (La plupart comportent des fautes, semble-t-il dû à l’utilisation de la reconnaissance des caractères par logiciels. Les originaux n’étant pas accessibles, nous mettons en ligne les textes tels que nous les avons reçus. Ils proviennent des compte rendus distribués par les organisateur après la conférence.)

 

Retrouvez les documents sur le site officiel.

 

> Ouverture

> La politique de l’écologie sociale: municipalisme libertaire
Janet Biehl (en anglais)

TABLE RONDE

> Aucun des grands problèmes écologiques actuels ne peut être résolu sans profonds changements sociaux
Maria Magos Jorge

 

> Je reprendrai le chapitre de Janet Biehl: La formation de la citoyenneté
Wolfgang Haug (en anglais)

> La puissance de l’espace politique
Dimitri Roussopoulos

> Remarques critiques sur «la construction du mouvement»
Roger Jacobs (en anglais)

SÉANCE PLÉNIÈRE

> Le potentiel du municipalisme libertaire à Montréal
Marcel Sévigny et Dimitrios Roussopoulos
version française

> Bookchin et Kropotkine: des thèmes organisationnels et intellectuels communs
Frank Harrison (en anglais)

> Les libertaires du XXI siècle à la recherche du paradis perdu
Mimmo Pucciarelli

> Notre position: les fondements du municipalisme libertaire
Lettre ouverte des écologistes sociaux norvégiens à la conférence internationale de Lisbonne 1998

> Une théorie de l’organisation de groupes anarchistes
Rafael Maestre / Francisco Madrid

> Los Arenalejos
Floréal

> Une politique pour le 21ème siècle
Vidéo conférence de Murray Bookchin (en anglais)

A – PROBLEMES SOCIAUX ET MOUVEMENTS SOCIAUX URBAINS

>« West End Neighbourhood News » (Wenn) – Une étude de cas de publication locale
Hamish Alcorn

> A propos du travail et de son élimination : travailler pour quoi ?
José Tavares

> Perspectives territoriales et mouvements sociaux émancipateurs : se rapprocher de politique de l’écologie sociale et du municipalisme libertaire
Gonzalo Acosta Bono / José Garcia Rey

> Comté libertaire et transnationalisme: une perspective allemande minoritaire
Lou Marin

> Processus d’auto-organisation en milieu urbain
José Luis Felix

> Eléments pour une histoire socio-écologique et politique de l’urbanisme
Miguel Martinez

> Démocratie directe sous Fatsa
Rahm G. Ögdül / Sureyya Evren

> Marginalité sociale et mouvements sociaux en milieu urbain
J. M. Carvalho Ferreira

B – CULTURE ET VIE SOCIALE AU XXIème SIÈCLE: LE LOCAL ET GLOBAL

> Le municipalisme libertaire : une alternative à la ville capitaliste
Antonio Franco

> Conférence internationale sur l’écologie sociale et ses perspectices politiques
Carlos de Sousa

> La Constitution de la république portugaise et le municipalisme libertaire
Alfredo Gaspar

> Les prisons et l’action civique
Antonio Pedro Dores

> Le défi
Bob Spivey

> L’anarchisme et l’externalisation de l’économie – Une contribution pour une modernisation des idées
Mario Rui Pinto

> D' »apatrides » à citoyen
Sergio Augusto Queiroz Norte

> Sur le statut des municipalité dans les constitutions des Etats
Philip Chee

C – L’ECONOMIE DES PETITES ET GRANDES VILLES

> Le municipalisme libertaire et la question du pouvoir
Eirik Eiglad

> Les racines européennes de l’écologie sociale – du régionalisme à la démocratie directe
Mike Small (en anglais)

> Le municipalisme libertaire: une alternative à la ville capitaliste
Carlos Ramos / Luis Altable

> Socialisation, conformité et déviance, les trois systèmes: société, culture, individus
Ilidio Dos Santos

> Ka ‘Aka, le père de la guerre de la mort du dernier Kumatungy : écologie et le mythe dans la Sierra Nevada de Santa Marta
Luis Alfonso Fajardo

> Une écologie de l’expansion maritime portugaise dans les îles atlantiques
José César Gnaccarini / Carlos Moreira Henriques Serrano

SÉANCE PLÉNIÈRE
> Expériences d’interventions sociales urbaines

Interventions brèves
> La tradition d’auto-administration municipale de Thessalonique (Grèce)
Michail Tremopoulos (en anglais)

> Le «Forum citoyen pour une Valence soutenable ». Présent et perspectives
Miguel Angel Ferris / Angels Lopez

> Le concept de municipalisme libertaire
Raf Grinfeld (en anglais)

 

– Bref résumé de la conférence (par Joao Freire) :
(traduit – approximativement – du portugais)

Le premier jour, les travaux ont commencé avec l’accueil par Carvalho Ferreira de la soixantaine de membres présents, suivi par un long discours donné par Janet Biehl sur le thème de la conférence : «La politique de l’écologie sociale: le municipalisme libertaire ». C’était une présentation des points essentiels de la philosophie politique développée depuis plus de vingt ans par Murray Bookchin, à travers le discours et le texte d’une disciple fidèle et (apparemment) sa proche collaboratrice. Chaia Heller (également du Vermont, États-Unis), Roger Jacobs (de Hasselt, Belgique), Eirik Eiglad (de Porsgunn, Norvège), M. Dimitri Roussopoulos et Maria Magos Jorge reprirent les thèmes discutés le matin même, ou un aspect particulier de la pensée de Bookchin. Et dans l’après-midi, de nouvelles présentations par Chaia Heller et un Canadien du Québec, Marcel Sévigny, ont poursuivi ce type de réflexion. En fait, toute cette première journée de la conférence était dédiées aux idées de Bookchin qui ont fait débat, notamment contestées par plusieurs théories traditionnelles de l’anarchisme, comme la question de la défense dans certaines situations de l’influence hypothétique d’atteintes sociales, pour prévenir toute contre-attaque des forces et des intérêts sociaux adverses. A la fin de la journée, on pouvait voir une vidéo présentant une interview avec Murray Bookchin, incapable de venir en Europe pour des raisons de santé.

Le deuxième jour, les présentations ont principalement eu lieu en parallèle dans trois ateliers. Dans la grande salle – où se trouvait un système de traduction simultanée en anglais, espagnol et portugais – le thème était « Les problèmes sociaux et les mouvements sociaux urbains ». Dans la matinée, il y eut une présentation  de l’Australien Hamish Alcorn, de l’Espagnol Garcia Rey et des Portugais José Tavares et José Luis Félix. Garcia a parlé de la nécessité d’une perspective territoriale dans les projets d’émancipation sociale, de l’importance des territoires urbains pour régler la crise actuelle du système, de l’articulation des mouvements sociaux autour des pratiques de résistance au processus de mondialisation et de l’imposition d’une pensée unique et simultanée lors du développement d’initiatives pour l’autonomie territoriale. Tavares a présenté un document sur « le travail et son dépassement » et Félix a parlé du « processus d’auto-organisation dans les zones urbaines », soulignant les possibilités de formes autonomes de participation, malgré le climat actuel défavorable pour la créativité et les initiatives solidaires.

Dans l’après-midi, les discussions sur ce thème ont repris avec une présentation du sociologue espagnol Michael Martinez sur « Une invention stratégique, l’auto-planification populaire et l’auto-gestion écologique urbaine », où l’auteur souligne les limites de la planification stratégique appelée l’urbanisme, montrant ses dimensions non planifiées, et de suggérer d’autres catégories plus appropriées telles que « l’invention stratégique » dans lequel l’action précède ou est simultanée à la réflexion. Les présentations suivantes étaient celles des Turcs Sureyya Evren et Rahmi Ogdul  et, pour finir, de Carvalho Ferreira sur « la marginalité sociale et les mouvements sociaux dans les contextes urbains. »

Dans le thème de « Vie sociale et culture au XIXe siècle: local et global », tenu dans la matinée, pouvaient s’entendre les présentations suivantes: Antonio Candido Franco au sujet du dépeuplement et de la désertification dans le sud du Portugal, qui a porté sur le problème des relations entre monde urbain et rural ; l’Uruguayen Alberto Villareal ; Carlos Sousa, le maire de Palmela, sur la participation populaire dans la gestion municipale ; l’avocat Alfredo Gaspar sur la façon dont les municipalités sont intégrées dans le droit constitutionnel au Portugal, et qui concluait que la tutelle administrative n’est pas compatible avec le concept du municipalisme libertaire ; enfin le sociologue Antonio Pedro Dores abordait « les prisons et l’action civique », s’interrogeant sur la politique actuelle des prisons (par rapport à la drogue et l’immigration illégale, par exemple) qui même quand elles sont marquées par des préoccupations humanistes, peuvent justifier des pratiques stigmatisantes et négliger les droits humains. Il exprimait ses préoccupations face à cet « aspect fermé » de la vie urbaine collective.

Dans l’après-midi, la discussion sur ce thème a été poursuivie par l’Américain Bob Spivey ; par Mário Rui Pinto avec une présentations sur les différences entre le contexte dans lequel a émergé l' »ancien anarchisme » et celle où nous sommes aujourd’hui, pour appeler à l’invention d’un « nouvel anarchisme »; par Mimmo Pucciarelli, qui a également souligné les différences entre les anciens et les nouveaux anarchistes, mais surtout en fonction de leur origine sociale ; par le Canadien anglophone Frank Harrison, qui a présenté un document sur les principaux points de contact entre les pensées de Kropotkine et de Bookchin, tels que le rôle du territoire et de la communauté, et les concepts d’évolution / révolution ; et, enfin, par Ilídio Santos, avec un discours sur la « socialisation, la conformité et la déviance » comme elle a été mise en évidence dans l’actuelle « culture psychotisante » et les « images à fonction narcotique et hypnotique des machines ».

Dans la section « L’économie des petites et grandes villes » ont été présentés et discutés quatre documents: les Norvégiens Eiglad et Legard ont exposé les fondements du municipalisme libertaire dans un registre particulièrement politique et idéologique, alors que l’Espagnol Carlos Ramos a parlé du « Municipal libertaire comme alternative au municipalisme capitaliste » mettant l’accent sur l’actuel cadre politique démocratique dans des pays comme l’Espagne d’aujourd’hui, la riche expérience de vingt ans d' »associations de voisinage », la nécessité de « traduction » des budgets municipaux pour les rendre compréhensibles par les citoyens ordinaires, les possibilités de l’opposition – par la mobilisation populaire – la gestion capitaliste des municipalités (qu’elle soit gérée par les partis de droite et par les partis de gauche), le concept de mouvement social local et, enfin, la nécessité de structurer des formes de participation politique municipale plus avancées, stables et efficaces, bien que toujours basées sur des réseaux à base populaire volontaire, de nature différente, mais où la participation directe des citoyens est une réalité ; l’américain Dan Chordokoff a rapporté l’expérience de la mobilisation populaire dans un quartier pauvre de New York avec environ 30’000 habitants, dans les années 70, basé sur la collaboration établie entre une centaine d’associations populaires, influencée par divers groupes et idéologies politiques, mais ils ont réussi à structurer une économie locale à partir de l’inventaire des ressources et des besoins – logements, crèches, écoles, cliniques et centres de santé, emploi, délinquance, etc. et la mobilisation des gens ordinaires, avec une vraie expérience, mais qui avait, de l’avis de l’auteur, montré deux défauts majeurs, à savoir la dépendance des collectivités locales « des grosses économies » (qui déterminent les prix du logement ou le taux de chômage, par exemple), et l’incapacité de  monter des alternatives politiques crédibles au moment des élections au pouvoir municipal ; et finalement, l’Écossais Mike Small a parlé du cas historique de l’urbaniste Patrick Geddes en lien avec les mesures prises à Edimbourg à la fin du siècle dernier, qui avait essayé de combiner les initiatives populaires sur le logement, l’éducation et le travail, et d’articuler l’identité du territoire comme le « régionalisme » autour de pratiques civiques et politiques de la démocratie directe, qui sont le fondement de la pensée moderne de l’écologie sociale.

La deuxième journée s’est terminée par une séance plénière durant laquelle les coordinateurs des différents séminaires ont présenté des résumés des présentations et des débats.

Lors de la journée du 28, le travail a eu lieu à nouveau en plénière (avec l’avantage inestimable de la traduction simultanée). La matinée a été consacrée aux rapports des situations et d’expériences locales d’écologie sociale pour seize villes: Amsterdam, Brisbane (Australie), Plainfield et Burlington (Vermont, États-Unis), Lyon (France), Montevideo, Salonique, Montréal , Madrid, Malaga, Valence, Porsgunn (Norvège), Grafenau (Allemagne), Anvers, Istanbul et Edimbourg.

Dans l’après-midi, ont été discutés en particulier deux questions dont l’importance a été soulignée dans ces différents rapports fait des expériences locales : la relation entre les organisations populaires, de voisinage et de quartier et les structures officielles du pouvoir municipal, avec les expériences, plus ou moins frustrantes, des candidats aux élections municipales faites par des listes ou mouvements écologiques, alternatifs et libertaires.

Carvalho Ferreira et Dan Chordokoff ont mis fin aux travaux de la conférence.

 

 

 

 

 

 

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Autres commentaires de la conférence:

– Un article de Mimmo Pucciarelli commentant la conférence : Alternative Libertaire, N°210

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